Au cours de leur croissance, tous les crustacés doivent régulièrement se dépouiller de leur squelette externe rigide (la carapace) qui les protège mais les empêche d'avoir une croissance continue. A la mue, la carapace rigide est éliminée (exuviation) tandis qu'une nouvelle carapace fine et élastique, la cuticule, est mise en place et va permettre l'expansion du corps de l'animal par une entrée massive d'eau.
La mue est conditionnée par: · la constitution préalable de réserves énergétiques (dans l'hépatopancréas) et minérales qui seront mobilisées au cours de l'exuviation (la mue). · la dissolution progressive par "déminéralisation" de l'ancienne carapace et la récupération de certains de ses éléments, de manière à la libérer des tissus sous jacents et à la rendre suffisamment fine pour être libérée. · la croissance d'une nouvelle carapace rendue possible par les deux points précédents.
La fréquence des mues dépend de l'âge de l'animal et des conditions environnementales (température, composition du milieu, densités, etc.). A 28°C, la durée de l'inter-mue pour M.rosenbergii est de 9 à 22 jours pour des animaux de 2 à 35g. Au delà, la durée d'inter-mue peut aller jusqu'à 40jours. C'est le système nerveux central qui contrôle la mue par la libération d'hormones. La croissance résulte d'une importante entrée d'eau dans le corps de l'animal au moment de la mue, vraisemblablement par le tube digestif, ce qui a pour conséquence une augmentation du volume du fluide corporel. Cet afflux d'eau provoque un gonflement des tissus qui dans les stades suivants gagneront en poids à concurrence du volume établi lors de cette hydratation. La mue est une période difficile pour l'animal. Il est à ce moment très sensible aux substances toxiques, au manque d'oxygène et aux prédateurs. Durant toute la phase où sa carapace est molle il est très vulnérable car incapable de se défendre des agressions de ses congénères. L'animal doit donc durcir sa carapace le plus rapidement possible. Les minéraux utilisés pour la minéralisation de la carapace proviennent des ressources corporelles de l'animal (10 à 15%), et surtout du milieu extérieur. La disponibilité du calcium dans le milieu (plus rare en eau douce qu'en eau de mer) peut être un facteur limitant de la vitesse de durcissement de la carapace. Durant les heures qui suivent la mue l’animal ne s’alimente pas, il n’y a donc pas d’apport de calcium via l’alimentation. Le développement des gonades lors du processus de maturation entraîne, surtout chez la femelle, une demande importante en énergie. On assiste donc à un ralentissement de la croissance dès que les processus de reproduction deviennent prépondérants (généralement vers 15 grammes).